Weekend escapade, weekend amitié. Je suis partie sur un coup de tête deux jours à Lyon (aïe mon compte en banque!) voir un ami à moi qui est étudiant au très prestigieux Institut Paul Bocuse (rrhaa, jalouise, quand tu nous tiens!) Je suis arrivée en fin de matinée par le TGV via St.Pierre des Corps (non, cherchez pas si vous connaissez pas, c'est pas grave). J'avais dormi dans le train, le sommeil entrecoupé par des essais de lectures (Paul Auster, Léviathan - trop bien!) et j'ai vite oublié mon torticolis quand il m'a serrée dans ses bras : presque six mois que nous nous étions pas vu.
À la sortie de Lyon Part-Dieu, on a traîné dans les rues du Vieux-Lyon, de café en café et de rire en rire. À la traversée du pont, je me suis arrêtée un peu, il y a avait une si jolie lumière et puis j'aime les aubes, et c'était bien d'être là.
On a fait des courses à n'en plus finir, il avait promis qu'il cuisinerait pour moi, alors je l'ai laissé faire, j'ai juste choisi le vin. Comme il m'avait annoncé un boeuf strogonoff, j'ai opté pour un Esprit de Chevalier 2003 (Pessac-Léognan rouge) et je dois dire que c'était un bon choix, ça se mariait merveilleusement à son plat (hmm, un délice, j'en ai encore les papilles gustatives toutes chamboulées).
En entrée, il avait fait une salade provençale avec tomates, comcombre et anchois, alors du coup on a préféré commencer à la bière. Et puis, après tout, la soirée était longue :-)
Il m'a raconté un peu l'Institut Paul Bocuse, les cours, l'exigence, le stress, mais l'évidence d'être dans l'un des endroits les meilleurs pour faire ce qu'il veut faire: cuisiner, mais en fait tellement plus.
Et je pensais au dernier poste d'Anne-Catherine et je parlais à cet ami de ma formation à moi, et de l'éducation en France en général. Franchement, il y a vraiment un truc qui fonctionne pas dans ce pays. Je ne sais pas bien comment c'est en Suisse, ou en Allemagne, en Italie ou en Espagne, mais ce qui me choque, dans mon pays, c'est à quel point les gens se voilent la face par rapport au niveau de l'éducation. Regardez le bac: depuis quelques années, il y a des records d'obtention du bac, et pourtant, on voit bien que les élèves en terminale arrivent à peine à aligner trois phrases correctes ou additionner de tête 24 + 72. Ensuite, ces personnes à qui on a quasiment "donné" le bac (sincèrement, avec les épreuves de rattrapages en plus, il faut vraiment le VOULOIR pour le rater) sont lâchées dans la nature, et là c'est vraiment la catastrophe. Les meilleurs essaient tous de rentrer dans les Hautes Ecoles, que ce soit l'ENS ou une école comme Paul Bocuse. Là, effectivement, ils auront une formation de très haut niveau. Mais c'est une élite en infime minorité! Tous ceux qui se plantent au concours se retrouvent à choisir une fac, souvent un peu au hasard, et à se heurter à la dure réalité des universités: comme toutes les subventions et tous les efforts des "dirigeants" vont vers les Hautes Ecoles, l'université fait avec le reste, c'est-à-dire par grand chose, résultat le niveau est mauvais, les salles surpeuplées, les profs aigris et les étudiants mous. D'autant que, pendant le lycée, il n'y presque aucune alternative à l'université qui est présentée aux élèves. Tout le monde pense qu'il DOIT aller à la fac pour être quelqu'un, alors qu'il y aurait mille autres formations où ils seraient peut-être meilleurs, plus heureux et.... mieux payé plus tard.
Bref, je m'emballe et il y aurait trop de choses à dire, je ne vais pas pouvoir développer plus. Ce serait d'ailleurs aux politiciens de le faire!!
Je suis de retour à Bordeaux, forcément, il faut bien bosser un peu, mais je garde le souvenir de ces deux jours dans un petit coin de ma tête. Une jolie parenthèse à resortir quand les heures grises se font trop lourdes.
PS: Et vous aurez remarqué que j'ai racheté un nouvel appareil photo. Youpi youpi youpi.